+ ou – 1% ?

Changer ses habitudes est un travail de chaque instant.
Si vous changez en améliorant de +1%, alors, vous empruntez la courbe de l’amélioration. Si vous changez en dégradant de -1%, alors vous empruntez la courbe du déclin.
Lorsqu’on fait un calcul mathématique, en améliorant de 1% chaque jour pendant une année, on obtient une évolution de 1 à quasiment 38. Pour la dégradation, on passe de 1 à 0,03.
Par ce calcul, on observe que le processus d’amélioration amplifie fortement le résultat.

Donc en changeant un petit peu une habitude, quotidiennement, on obtient un résultat très différent dans le temps. C’est la stratégie des petits pas, de l’escalier, de l’éléphant, du sablier… un grain, une bouchée ou une marche après l’autre !

L’escalier du changement – Crédit Photo A Grisard

Typiquement, par exemple installer un changement quotidien sur les pensées parasites en passant de « je ne suis pas légitime » à « j’ai les ressources pour » ou encore « ma journée était pourrie » à « voici les 3 pépites de cette journée », ou encore « ça me stresse de dire non » à « je peux être curieux de la situation », sur la santé, l’alimentation, l’activité physique -un marathon se prépare, la forme physique s’entretient-, sur les apprentissages -vos connaissances sont une mesure à retardement de vos habitudes d’apprentissage quotidiennes…

Paradoxalement, notre esprit résiste, pour différentes raisons.

D’une part, la visibilité de ce changement est ténue, à l’échelle de la journée. Donc pourquoi faire des efforts quand leur effet est quasiment invisible ? Et nous voilà remettre à demain ce changement.
D’autre part,  notre propension naturelle à limiter les efforts nous fait facilement abandonner nos « bonnes résolutions ». En effet, pour des raisons d’économie, notre cerveau limite ses dépenses d’énergie, c’est le propre de tout système vivant. 

Alors quelles stratégies pour réussir à mettre en œuvre les changements qui vous vous souhaitez ? Pour basculer « du bon côté de la force » ?

D’abord en différenciant ces stratégies selon vos facettes de personnalité. Et en vous branchant sur le plaisir inconditionnel, celui qui fait que vous passez à l’action juste pour le plaisir de faire, sans impression d’effort.
Si vous avez une facette de personnalité qui vous fait aimer organiser, prévoir, anticiper, ou encore comprendre, jouer avec la logique, ou vous fixer des défis à dépasser, alors faire des efforts pour un plaisir différé est plutôt facile. Ces facettes de personnalité zooment et dézooment facilement sur l’échelle de temps pour une vision court terme et long terme.
Si vous avez une facette de personnalité qui se ressource dans l’action immédiate, spontanée, imprévue, via le mouvement, l’échange avec d’autres, l’harmonie relationnelle ou encore la contemplation du moment présent, alors cela peut-être un peu plus compliqué. Vous allez avoir besoin de plus de soutien de l’extérieur.

Pour autant, comme nous avons tous plusieurs facettes de personnalité, une stratégie aussi peut être de recruter celle qui va être la plus favorable à ce processus.

Pour passer à l’action, quels sont vos alliés -personnes ou processus- ? 
Comment allez-vous trouver les ressources internes ou externes pour vous soutenir sur le long terme ?

Impact du changement quotidien d’habitude

Sources : 

  • James Clear Atomic Habits – An easy & proven way to build
  • Approche Neurocognitive et Comportementale – Institut de Médecine Environnementale

Gouvernances Cérébrales

Comment fonctionne notre cerveau ? Y a-t-il des modes de fonctionnements particuliers qui caractérisent nos comportements, ce que nous ressentons et ce que nous pensons ?

Entre deux personnes en train de rire, y a-t-il des similitudes de fonctionnement cérébral ?

Notre cerveau fonctionne en activant les connexions entre les neurones, qui transmettent des informations, à travers ce réseau très dense et complexe. Concrètement, de nombreuses informations sont transmises à différents endroits de notre cerveau.

On sait aujourd’hui que certains territoires sont spécialisés dans certaines fonctions, comme par exemple le fait de parler, ou encore d’avoir peur, de mémoriser, de jouer du violon, de chanter…

On sait également, que le cerveau est en évolution tout au long de la vie, on parle alors de plasticité cérébrale.

En même temps, ces territoires ne fonctionnent pas séparément, l’un après l’autre, ou comme des systèmes indépendants, côté à côte. Cela dit, lorsque nous avons peur par exemple, une zone du cerveau est plus particulièrement active. Et c’est la même zone pour deux individus différents qui ont peur, cela quelles que soient leur culture, langue ou origine. Pour caractériser ce fonctionnement, on parle de Gouvernance cérébrale.

Qu’est-ce que la Gouvernance ?

C’est un peu comme pour un orchestre de Jazz : les instrumentistes jouent tous ensemble un thème, au même rythme, sur la même harmonie.

A un moment, l’un des instruments démarre un solo. Par exemple le saxo. Alors souvent le saxophoniste se lève, et surtout on entend son instrument qui « passe au dessus » des autres. Les autres instruments continuent à jouer, à accompagner, et, en même temps, on entend plus particulièrement le saxo. Et à ce moment-là, c’est lui qui « mène la danse » : il choisit le tempo, il peut changer l’harmonie, voire même le thème, il réalise des improvisations et les autres lui emboitent le pas. C’est lui qui gouverne.

Puis, il reprend sa place et un peu plus tard, c’est le solo de la contrebasse, et ainsi de suite. Les gouvernances alternent.

Finalement pour notre cerveau, c’est un peu pareil.

A certains moments, nous ressentons de la peur par exemple, notre cerveau passe en gouvernance instinctive, et puis lorsque la situation a évolué, nous nous sentons détendus et pleins d’imagination. C’est une autre gouvernance qui est à l’oeuvre, dans cet exemple, la gouvernance adaptative.

L’Approche Neurocognitive et Comportementale développée par l’IME (Institut de Médecine Environnementale) distingue quatre type de gouvernances :

  1. La gouvernance instinctive qui régit les comportements, pensées et émotions liées à la survie de l’individu, elle est le siège du calme et des différentes formes de stress : fuite, lutte, inhibition.
  2. La gouvernance grégaire qui régit l’individu dans le groupe, elle est à l’origine de la façon dont nous prenons notre place dans un groupe, spontanément, par défaut.
  3. La gouvernance émotionnelle, sorte de disque dur de notre cerveau, elle est le siège de nos traits de personnalité, de nos valeurs, et de tout ce que nous mémorisons.
  4. La gouvernance adaptative, siège de notre intuition, de notre capacité d’innovation et de créativité. Comme une tour de contrôle, elle est vigilante en permanence.

Cela dit, notre cerveau présente une sorte d’hétérogénéité de fonctionnement : les gouvernances instinctive, grégaire et émotionnelle sont automatiques, c’est à dire qu’elles se déclenchent toutes seules.

Par exemple, quand nous sommes stressés, nous ne l’avons pas décidé, nous pouvons juste le constater.

La gouvernance adaptative, elle, n’est pas automatique.  Elle ne peut gouverner que si les autres gouvernances lui « passent la main ». Par exemple, si je suis stressée, alors je n’accède pas à mon intuition. je dois d’abord revenir au calme pour basculer.

Il nous faut ainsi apprendre à basculer consciemment du mode mental automatique au mode mental adaptatif. C’est aussi ce que l’on nomme la prise de recul.

Le Rapport de dynamique comportementale donne une indication de notre capacité à basculer en mode mental adaptatif.

Cette capacité se développe, d’une part par l’éducation, d’autre part via des exercices de coaching.

Comment développer sa créativité ?

Dans un précédent article, nous avons évoqué l’intuition, et les liens que nous pouvons faire entre ce phénomène et les gouvernances mentales.
Ici, nous allons développer le processus de créativité.

Comment être créatif ?
Certaines personnes sont-elles plus créatives que d’autres ?
Faut-il être déjanté pour être créatif ?
La création est-elle réservée aux artistes ?

Sur cette photo, nous pouvons voir un tableau de maître, de la Galeria Borghese à Rome, et une robe du styliste Azzeidine Alaia. Deux exemples de créateurs, si différents, tant par l’époque que par la technique ou encore le sujet. La photo est aussi une création : pourquoi associer ces deux oeuvres, l’une célébrant la sagesse de l’âge mûr et la proximité de la mort et l’autre la beauté féminine, la sensualité ? Pourquoi cet angle de vue, ce cadrage… ? Qu’est ce qui dans le cerveau du créateur, de la créatrice, « déclenche » son oeuvre ?

Le processus de création est vaste et n’est pas réservé aux domaines qualifiés d’artistiques.
Il s’exprime dans la vie quotidienne et est également sollicité dans le contexte professionnel.

Joy Guilford aux Etats-Unis dans les années 1960 a modélisé les processus de la créativité. Il distingue trois phases, une fois que l’on a ciblé une problématique : celle de la pensée divergente, de la pensée convergente et celle de l’évaluation.

Au départ, un idée, une envie, un besoin, une problématique…Lors de la phase depensée divergente, les idées « partent dans tous les sens », rien n’est interdit, tout est possible, même les idées les plus « farfelues ».Lors de la phase de pensée convergente, on resserre vers les idées « possibles », réalisables. Enfin la phase d’évaluation vérifie l’adéquation de l’idée retenue, avec son public, avec les attentes  définies en amont dans la problématique ciblée, elle valide également l’efficacité de la solution retenue.
Ces phases alternent avec des phases de déconnexion, d’incubation. Celles-ci permettent l’avénement de processus d’intégration inconsciente, et de liens avec des informations déjà mémorisées.
A l’issue des ces différentes phases, surgit le fameux « Euréka« .
La richesse des processus de création est dopée par la conscience de la dérive mentale, ou méta-conscience. C’est la conscience que notre esprit est en train de dériver vers d’autres sujets, idées… et que justement la créativité est à l’oeuvre !C’est ce type de d’état que l’on apprend à atteindre en pratiquant la méditation par exemple. On l’appelle aussi état modifié de conscience. Au niveau de la gouvernance mentale, la gouvernance adaptative est alors à son apogée. La créativité est très restreinte dans les autres gouvernances, automatiques.
Mihály Csíkszentmihályi en 2006 distingue différents niveaux de créativité :

  • La Créativité avec un grand C, celle qui a un impact sur la société (l’imprimerie, l’iPhone, Internet…)
  • La créativité avec un petit c, celle de la vie quotidienne, qui est déclinée en trois niveaux :
    • la créativité « mini c », celle de l’exploration face à une expérience nouvelle, que les jeunes enfants expérimentent très fréquemment
    • la créativité « petit c », celle des actes réfléchis et élaborés, reposant sur des objectifs personnels
    • la créativité « pro c », celle de la production d’un expert dans son domaine.

Alors finalement, que faire pour être créatif ?

  1. identifier la problématique sur laquelle vous souhaitez être créatif/créative
  2. développer les possibles
    1. seul-e, puis
    2. en groupe (l’étape de développement par la réflexion solitaire est indispensable à la richesse des idées)
  3. vaquer à d’autres occupations où vous êtes détendu-e
  4. revenir au sujet et tester les solutions, pour en garder une réalisable
  5. évaluer cette solution sur le public auquel elle est destinée
  6. pendant tout le processus, alterner les phases actives de réflexion et les phases « passives » où votre gouvernance adaptative est, elle, très active !

Comment développer son intuition ?

Qu’est-ce que l’intuition ?

C’est notre capacité à faire des liens de manière inconsciente entre des informations perçues, captées, d’une façon ou d’une autre et enregistrées quelque part dans notre mémoire.

Comment reconnaitre l’intuition ?

L’intuition est à l’oeuvre, se manifeste, lorsqu’on sait quelque chose sans pour autant savoir comment on sait cette chose.

Un exemple : je suis en train de programmer une liste de chants et, parmi ceux que je recherche, il me manque une partition. Je ne la trouve pas, là où elle devrait logiquement être rangée. Je suis en train d’imaginer d’autres ressources pour trouver cette partition : contacter des personnes susceptibles d’avoir la partition… quand soudain, elle tombe d’un livre que je sors de ma bibliothèque. Coïncidence ?… Le livre n’avait pas de raison de renfermer cette partition, et pourtant, presque malgré moi c’est celui-là et pas un autre, que j’ai saisi, tout en pensant à autre chose. Quelle chance y avait-il que je tombe justement sur cette partition parmi tous les livres de ma bibliothèque ? Elle était infime.

L’intuition est une source très précieuse dans la communication et la résolution de problèmes, tant qu’on veille à faire le distingo entre perception et projection…

Les données de l’inconscient sont stockées dans notre cerveau ; selon les experts nous ne serions conscients que de 1 à 10% de nos pensées. Une infime partie, donc.
L’intuition nous sert à nous adapter aux situations rencontrées, à notre environnement, à la complexité des situations que nous vivons.
Elle compile et fait des liens entre des informations provenant de différentes gouvernances de notre cerveau : la gouvernance instinctive (stress), émotionnelle (mémoire, 5 sens). Elle repose sur un fonctionnement heuristique.
Sous sa forme spectaculaire, fulgurante, elle est appelée « insight » comme quand la lumière s’allume d’un coup !
L’insight est aussi défini comme la capacité à discerner la vie nature d’une situation, en particulier par intuition, ou encore la perspicacité, la connaissance approfondie.

Il vous est sans doute arrivé de trouver la réponse à une question, une solution à un problème que vous vous posiez… justement lorsque vous n’y réfléchissez plus.
Cela m’arrive régulièrement, lorsque je cuisine, que je marche ou que je médite.

Comment développer son intuition ?

Essayez de percevoir ces moments particuliers où votre cerveau vous livre une clef, et pour exercer votre créativité de répéter les activités que vous faisiez à ce moment-là. Cela « musclera » votre accès à votre intuition.
Attention, veillez à confirmer votre intuition par des éléments objectifs a postériori, afin de ne pas confondre intuition et projection.

Neurosciences et plasticité cérébrale

Les neurosciences permettent aujourd’hui de visualiser la réalité qui se cache derrière les dictons et autres locutions anciennes telles que : « avoir la tête de l’emploi », ou « c’est une déformation professionnelle », ou encore « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ».

Ainsi, chez le chauffeur de taxi, l’hippocampe spécialisé indispensable à l’orientation spatiale est particulièrement développé, chez le parfumeur, ce sont les aires olfactives, chez les musiciens la structure et le fonctionnement de multiples zones sont modifiées par la pratique, en fonction de l’instrument pratiqué, enfin, chez les traducteurs-interprètes certaines zones sont, elles, moins actives, ce qui facilite les mécanismes propres à ce métier.

Le phénomène de plasticité cérébrale est aujourd’hui visualisable : la multiplication des connexions neuronales peut aller jusqu’à un facteur de 1000 fois le nombre de connexions initiales, existantes avant la spécialisation.

L’hypothèse est posée que cette plasticité cérébrale pourrait changer la vision des carrières « non linéaires », montrant que plusieurs spécialisations successives sont tout à fait possibles, avec toutefois des questionnements quant aux capacités de plasticité de chaque cerveau, l’impact d’une spécialisation sur les autres territoires du cerveau, la durabilité de la plasticité tout au long de la vie, la pérennité des compétences, leurs renforcements mutuels…

En outre, il semblerait que chez les personnes à haut potentiel, notamment identifiés par un QI supérieur à 130, les régions du cerveau situées derrière le front se développeraient plus tôt, augmentant la vitesse des fonctions cognitives et les rendant plus efficaces. On mesure notamment par le test de QI une mémoire de travail importante. Les territoires pré-frontaux se développent de la petite enfance jusqu’à 25 ans environ. Ainsi, il semble que les personnes concernées aient dès l’adolescence une connectivité cérébrale accrue, vraisemblablement en lien avec une intelligence créative particulièrement développée.

A l’inverse, la consommation d’alcool ou de drogues provoque une perte de plasticité cérébrale
Au démarrage de la consommation de drogue, le cerveau apprend à « se sentir bien avec les drogues ». Cet apprentissage est possible grâce à des connexions neuronales efficaces. 
Cependant, toute consommation de drogue endommage les jonctions entre neurones et synapses. Or, elles sont essentielles pour qu’une intention soit convertie en action (la planification du changement est mise en oeuvre dans le cortex préfrontal). 
Ainsi, la consommation de drogue perturbe les capacités d’apprentissage, et donc empêche les personnes dépendantes d’arrêter de se droguer, soit encore d’apprendre à « se sentir bien sans drogue ». L’inversion d’apprentissage, c’est à dire passer de « se sentir bien avec drogue » à « se sentir bien sans drogue », gérée en mode automatique, devient alors quasi-impossible.  

Sources :
Sciences & Vie, numéro de décembre 2013, « A chaque métier son cerveau ».
Cerveau & Psycho de décembre 2013.