Nous allons faire un focus sur l’empathie envers soi-même. En quoi est-elle un frein, un moteur ? Et comment cette compétence de l’intelligence émotionnelle retentit dans nos relations, notamment professionnelles ?
L’auto-empathie est la capacité de discernement vis à vis de soi même, qui passe par la connaissance de soi, de ses ombres et de ses lumières, de ses assonances et dissonances.
La conscience de soi, qui permet un amour inconditionnel, est également liée à son propre développement psychologique, humaniste et spirituel.
Les freins à l’auto-empathie sont liés à l’éducation, la « violence éducative ordinaire » comme l’intitule Catherine Gueguen dans son ouvrage « Pour une enfance heureuse« . Ils favorisent le développement des attitudes de fuite, de compétition ou de peur. Cela a été modélisé par les 3 formes de stress, la Fuite, et la Lutte -décrites par Hans Selye-, complétée par l’Inhibition de l’action -décrite par Henri Laborit-, ou FFF en anglais Flight, Fight, Freeze.
Ces filtres, qui nous font voir le monde de façon déformée sont également construits par les injonctions, ou messages contraignants ou « drivers » de l’Analyse Transactionnelle. Ces cinq injonctions parentales, reprises ensuite par l’environnement plus large sont : « sois parfait.e, sois fort.e, fais plaisir, dépêche-toi, fais des efforts… ».
Les valeurs et les habitudes constituent une autre forme de filtres. « On ne doit pas se montrer faible », « on ne doit pas exprimer son désaccord en entreprise », « on doit respecter son supérieur hiérarchique »…
Et si on ne le fais jamais, il reste peu de chances qu’on sache comment faire !
Voilà de quoi détériorer à coup sûr les relations à nous même et aux autres…
Nous sommes issus d’un système familial, social et culturel. Voilà, cela est fait !
Cela dit, si nous n’en sommes pas responsables, nous sommes responsables de ce que nous en faisons, car pouvons travailler à partir de ces données initiales pour nous développer, évoluer du côté de la force ;-), en conscience, et en bienveillance envers nous-même.
C’est comme partir sur le chemin de la vie avec une valise bien garnie, et se poser, ouvrir la valise, considérer ce qu’il y a dedans, soulever les couches, et choisir ce qu’on emporte avec soi, ou qu’on laisse au bord de la route. On peut aussi continuer à trimbaler cette valise toute notre vie ! C’est un choix. Laissé libre à chacun.e.
L’auto-empathie part d’un besoin essentiel, partagé, d’être aimé, écouté, respecté, reconnu pour ce que l’on est, et d’entretenir des relations harmonieuses et empathiques. Nous avons tous ce besoin profondément inscrit en nous. Il a simplement été plus ou moins reconnu ou malmené lors de notre enfance, et nous l’avons étouffé, ignoré… ou choyé, depuis.
Nous sommes alors coupés de nos racines, « surtout pas dans l’émotion », ou bien connectés à elles, « connectés à nos émotions ».
L’empathie peut-être de différentes natures :
- l’empathie cognitive : je vois une personne qui manifeste une émotion forte, je comprends ce qui peut générer cette émotion, mais moi je ne ressens pas d’émotion particulière, donc je ne fais rien envers cette personne. Je comprends les émotions des autres, de façon intellectuelle, déconnectée de mes propres émotions. Par exemple, je vois une personne qui s’énerve petit à petit, je sais que ce que je suis en train de lui dire en est la cause, et je reste distante, froide.
- l’empathie affective : je vois une personne qui manifeste une émotion forte et je ressens moi aussi des émotions. Je vais alors chercher à aider, à conseiller cette personne. Par exemple, je vois une personne qui s’énerve petit à petit, je ne comprends pas pourquoi et ne cherche pas à comprendre. Je sens que la pression monte chez moi aussi. Je vais lui dire de se calmer pour tenter de gérer mon propre stress et essayer de l’aider.
Avec la seule empathie cognitive, je n’aide pas la personne.
Avec la seule empathie affective, ma réaction pourra être décalée, inappropriée.
Avec l’empathie cognitive et l’empathie affective, je comprends et je ressens, alors je vais pourvoir ajuster ma réaction, accueillir ce qui est, sans jugement.