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Les neurosciences permettent aujourd’hui de visualiser la réalité qui se cache derrière les dictons et autres locutions anciennes telles que : « avoir la tête de l’emploi », ou « c’est une déformation professionnelle », ou encore « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ».
Ainsi, chez le chauffeur de taxi, l’hippocampe spécialisé indispensable à l’orientation spatiale est particulièrement développé, chez le parfumeur, ce sont les aires olfactives, chez les musiciens la structure et le fonctionnement de multiples zones sont modifiées par la pratique, en fonction de l’instrument pratiqué, enfin, chez les traducteurs-interprètes certaines zones sont, elles, moins actives, ce qui facilite les mécanismes propres à ce métier.
Le phénomène de plasticité cérébrale est aujourd’hui visualisable : la multiplication des connexions neuronales peut aller jusqu’à un facteur de 1000 fois le nombre de connexions initiales, existantes avant la spécialisation.
L’hypothèse est posée que cette plasticité cérébrale pourrait changer la vision des carrières « non linéaires », montrant que plusieurs spécialisations successives sont tout à fait possibles, avec toutefois des questionnements quant aux capacités de plasticité de chaque cerveau, l’impact d’une spécialisation sur les autres territoires du cerveau, la durabilité de la plasticité tout au long de la vie, la pérennité des compétences, leurs renforcements mutuels…
En outre, il semblerait que chez les personnes à haut potentiel, notamment identifiés par un QI supérieur à 130, les régions du cerveau situées derrière le front se développeraient plus tôt, augmentant la vitesse des fonctions cognitives et les rendant plus efficaces. On mesure notamment par le test de QI une mémoire de travail importante. Les territoires pré-frontaux se développent de la petite enfance jusqu’à 25 ans environ. Ainsi, il semble que les personnes concernées aient dès l’adolescence une connectivité cérébrale accrue, vraisemblablement en lien avec une intelligence créative particulièrement développée.
A l’inverse, la consommation d’alcool ou de drogues provoque une perte de plasticité cérébrale.
Au démarrage de la consommation de drogue, le cerveau apprend à « se sentir bien avec les drogues ». Cet apprentissage est possible grâce à des connexions neuronales efficaces.
Cependant, toute consommation de drogue endommage les jonctions entre neurones et synapses. Or, elles sont essentielles pour qu’une intention soit convertie en action (la planification du changement est mise en oeuvre dans le cortex préfrontal).
Ainsi, la consommation de drogue perturbe les capacités d’apprentissage, et donc empêche les personnes dépendantes d’arrêter de se droguer, soit encore d’apprendre à « se sentir bien sans drogue ». L’inversion d’apprentissage, c’est à dire passer de « se sentir bien avec drogue » à « se sentir bien sans drogue », gérée en mode automatique, devient alors quasi-impossible.
The Neuroscience Behind Old Sayings
Modern neuroscience allows us to visualize the reality behind age-old sayings such as “having the right look for the job,”“it’s an occupational hazard,” or “practice makes perfect.”
For instance, in taxi drivers, the hippocampus, which is crucial for spatial navigation, is particularly well-developed. In perfumers, the olfactory areas are highly specialized. In musicians, the structure and function of various brain regions change depending on the instrument they play. Meanwhile, in translators and interpreters, some brain areas are less active, which facilitates the cognitive processes required for their profession.
This phenomenon is due to brain plasticity, which we can now observe in real time. The number of neural connectionscan increase up to 1,000 times compared to pre-specialization levels.
Brain Plasticity and Career Flexibility
This discovery raises questions about non-linear career paths—suggesting that transitioning between multiple specializations is entirely possible. However, researchers are still exploring key questions:
- How does an individual’s brain plasticity affect their ability to adapt?
- What impact does specialization in one area have on other brain functions?
- How long does plasticity last over a lifetime?
- Do different skill sets reinforce each other?
High Cognitive Potential and Brain Development
Studies suggest that individuals with high intellectual potential (often defined as an IQ above 130) experience earlier development in brain regions behind the forehead. This enhances cognitive speed and efficiency. IQ tests often highlight strong working memory, a crucial cognitive function.
The prefrontal cortex, responsible for executive functions like decision-making and problem-solving, continues developing from early childhood until around age 25. As a result, highly gifted individuals often exhibit heightened brain connectivity from adolescence, which may be linked to exceptional creative intelligence.
The Negative Impact of Substance Use on Brain Plasticity
In contrast, alcohol and drug use lead to a loss of brain plasticity.
At the start of substance use, the brain learns to associate drugs with pleasure—a process made possible by strong neural connections. However, all drug use damages the connections between neurons and synapses, which are essential for converting intentions into actions (a function controlled by the prefrontal cortex).
As a result, drug use disrupts learning abilities and prevents individuals from quitting. The brain essentially becomes “wired” to seek pleasure through drugs and struggles to rewire itself to experience well-being without them. This “learning reversal”—shifting from feeling good with drugs to feeling good without them—becomes nearly impossible because the process operates on autopilot.
Sources :
Sciences & Vie, numéro de décembre 2013, « A chaque métier son cerveau ».
Cerveau & Psycho de décembre 2013.